st, sp

En allemand standard, les groupes st et sp se prononcent différemment selon qu'on les trouve en début de radical ou au contraire après la voyelle (je simplifie un peu). Ainsi on prononce st comme en français dans Rost "rouille", et sp comme en français dans Knospe "bourgeon" ; en revanche on prononce st [t] dans stehen "se tenir debout" ou dans Stolz "fierté", et de même sp [schp] dans Spatz "moineau" ou dans spät "tard". Les choses se compliquent un peu parce qu'il y a des mots d'emprunt où la prononciation [st] ou [sp] est courante malgré la position, comme dans Stereophonie ou Spiritismus.

En alsacien, les choses sont beaucoup plus simples, et les groupes st se prononcent toujours [t], les groupes sp se prononcent toujours [schp]. C'est donc une véritable aberration de vouloir noter différemment ces groupes de consonnes [t] et [p] selon qu'on les retrouve telles quelles en allemand standard ou non… L'irrégularité est dans l'allemand standard, non en alsacien. On écrira toujours st et sp. Donc Fànster "fenêtre", koste "couter", Rost "rouille" tout comme stampfe "trépigner" ou stràhle "peigner" (ou strahle "rayonner" ; pour à et a, voir a/à).

Le seul cas relativement courant où l'on trouve en alsacien les suites de phonèmes [sd] et [sb] (rarement [st] et [sp]) se présente lorsqu'un mot composé comporte un premier élément terminé en [s] et un deuxième élément commençant par [d] ou [b], ce dernier pouvant très bien s'écrire par t ou p respectivement, par exemple dans üstüsche "échanger", ou dans e Wïbspersoon "une personne de sexe féminin". Il n'y a pas à codifier spécialement ces cas particuliers. Chacun est censé reconnaitre les éléments des mots composés.

Il y a un autre cas dans lequel la plupart des parlers alsaciens conservent cependant une prononciation [st], c'est lorsque le [t] est une désinence qui suit un radical se terminant en [s], comme dans er raist "il voyage" et er haisst "il s'appelle". Si l'on tient à marquer la différence, on peut détacher la désinence par une apostrophe, er rais't. Dans le cas du double s, il n'y a plus d'ambigüité. Mais comme il s'agit de mots isolés et relativement rares, je ne pense pas qu'une telle précaution soit indispensable.