Aus dem Tagebuch der Jebsheimer Pfarrer von 1564 ab

 

Introduction et résumé français

 

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Introduction :

On fera suivre ici le résumé français de textes consignés (en langue allemande) dans le registre des naissances de Jebsheim (Haut-Rhin, entre Colmar et Marckolsheim) dans le cours du XVIe siècle, pour l'essentiel par le pasteur Cellarius, qui y exerça son ministère de 1564 à 1594. Ces textes avaient été publiés d'abord par le pasteur Werner Brum en 1953 dans les Dernières Nouvelles du Haut-Rhin, puis par la commune de Jebsheim (avec d'autres textes) dans un volume intitulé St Martin Jebsheim et rassemblant les travaux historiques de Werner Brum. Ce volume est paru en 1991, à l'occasion du 1100e anniversaire du plus ancien document mentionnant Jebsheim (alors Yebinesheim, plus tard Ybesheim).
La période dont date l'essentiel des textes est intéressante à plus d'un titre : guerres, « pestes », troubles politiques et religieux en France (nuit de la Saint Barthélemy, assassinats dans les sphères du pouvoir), introduction du calendrier grégorien en 1580... Tous ces évènements trouvent un écho dans ces notes prises au jour le jour par un pasteur qui ne manque ni de largeur de vues ni surtout d'humanité.
Les textes sont accessibles à tout lecteur ayant une certaine connaissance de l'allemand. Les mots ou expressions les plus difficiles ou les plus archaïques sont expliqués ; les citations latines sont traduites.

Le livre comporte par ailleurs un historique de l'église Saint-Martin de Jebsheim avec un certain nombre de documents qui s'y rapportent. Pour acquérir ce volume (15 euros), s'adresser soit à la mairie de Jebsheim (68320), soit à elsasser@free.fr.

Résumé :

0. Lettre (1521) de Jacob Kleinlawell, curé de Jebsheim passé à la Réforme. Il croit qu'il sera obligé de quitter Jebsheim, en raison des résistances que suscite son choix théologique. En fait il sera encore à Jebsheim en 1527, et ne quitte sans doute le village qu'en 1540.

1. Extraits commentés de la liste des pasteurs de Jebsheim à partir de 1553. Il s'agit en fait des deux premiers de la liste :

a) Johannes Ulstetter, pasteur à Jebsheim de 1553 à 1561, à une époque de tâtonnements dans les pratiques cultuelles et éducatives. Il est d'orientation plutôt luthérienne que zwinglienne. Il a bénéficié du don d'une grange dimière particulière offerte par le comte de Wurtemberg (frère du duc).

b) Jacob Spaler n'exerça son ministère que durant deux ans, de 1562 à 1564. Il avait subi d'humiliantes persécutions en raison de son ralliement à la Réforme, le seigneur de Ribeaupierre l'ayant encouragé dans cette voie sans être en mesure de lui éviter les mauvais traitements de l'administration des Habsbourg à Ensisheim.

2. Changement de titulaire au presbytère. Un arrangement amiable conclu à l'arrivée du nouveau pasteur Johannes Cellarius accorde au fils de l'ancien pasteur le bénéfice des trois quarts des revenus de la paroisse pour l'année en cours, au nouveau pasteur le quart restant. L'arrivant accepte cet arrangement dans l'idée que ses propres héritiers bénéficieront d'avantages comparables à sa mort.

3. Le nouveau pasteur, Johannes Cellarius (=Keller), de Hunawihr, est l'auteur de toutes les notes historiques dont on fait suivre la reproduction. Il restera en fonctions à Jebsheim jusqu'à sa mort, en 1594, à l'âge de 60 ans. Il avait été auparavant instituteur et pasteur à Beblenheim.

4. Baptême à Jebsheim, en juillet 1566, d'un enfant amené de Baltzenheim, où aucun prêtre ne pouvait aller en raison d'une terrible inondation.

5. Du 14 au 16 mars 1569, 800 cavaliers français ont séjourné dans le village, et leurs chefs étaient hébergés par les nobliaux locaux. Ils ne semblent pas avoir fait de dégâts.

6. Incendies criminels, l'un en 1569 à Jebsheim, où seule une grange est détruite, l'autre en 1572 à Bischwihr, où presque toutes les granges et étables du village sont la proie des flammes.

7. Procès en sorcellerie en 1572. Un nombre considérable de sorcières sont brulées (Cellarius en mentionne 26, et dit qu'il y en eut beaucoup d'autres), tant à Colmar qu'à Hattstatt, Ammerschwihr, Turckheim et ailleurs.

8. Construction (1572) du moulin Wetzel à Jebsheim (mention des artisans et des responsables du village).

9. Incendie par imprudence dans le clocher de la collégiale Saint-Martin de Colmar : il y a de gros dégâts.

10. La Saint-Barthélemy à Paris (24 aout 1572). Massacres à Paris à la Saint-Laurent (dit Cellarius), où l'amiral de Coligny et d'autres nobles furent au nombre des victimes.

11. Hausse inexplicable des cours des céréales, en 1572, alors qu'il n'y avait pas de disette. Après une bonne moisson pendant cette année, les prix ne baissent pas. Le pasteur Cellarius y voit la main de spéculateurs.

12. 1573 : mauvaise année, très froide au printemps, pluvieuse en été. C'est le vin surtout qui en souffre : il est mauvais et très cher. Cellarius (de Hunawihr !) s'attarde sur cet aspect après la vendange, qui avait été fixée au 28 octobre.

13. Trois terribles incendies auraient eu lieu le même jour de mars 1575, l'un à Sainte-Marie-aux-Mines, le second en Lorraine, le troisième en Souabe.

14. Introduction du culte luthérien à Colmar en mai 1575 à l'église des Franciscains (l'actuelle église protestante) avec une prédication du pasteur de Jebsheim. Les autorités municipales étaient en partie acquises à la Réforme, les autres renonçant du moins à s'opposer activement au nouveau culte. Cent ans après, en 1675, le pasteur Titelius, alors en poste à Jebsheim, parlera de la célébration du centenaire de cet évènement en mentionnant une sorte de pastiche d'un cantique connu qui dit «De Jebsheim nous vint le salut...».

15. Chronique des baptêmes et décès. En l'absence de prêtre, deux habitants de Riedwihr apportent leurs enfants à baptiser à Jebsheim (1576). En 1576, épidémie de « peste » à Jebsheim, qui emporte essentiellement des enfants. Notice sur la mort, en 1578, d'un prédicateur de la cathédrale de Strasbourg (J. Flienerus).

16. Chronique : travaux dans le Ried. En 1578, le chemin de Jebsheim à Ostheim est remis en état après être resté longtemps à l'abandon. En 1579, la municipalité de Colmar fait arpenter ses terrains du Ried (autour de l'Ill, entre Ostheim et Jebsheim).

17. En octobre 1579, des troupes françaises de passage dans la région du vignoble provoquent une panique excessive dans la population.

18. Conflit entre la ville de Strasbourg et les nobles campagnards qui y possédaient des maisons : la ville veut les soumettre à un impôt, qu'ils refusent pour l'instant.

19. Guillaume de Berckheim ayant entrepris de construire un moulin en aval du village (route d'Ostheim), le propriétaire du moulin déjà existant (ci-dessus, n° 8) obtient une enquête sur la viabilité des deux moulins.

20. Années 1581 et 1582. Départ de Philippe Wetzel, un des nobles, avec quelques vieux soldats pour la France. Mort paisible d'un fidèle serviteur du seigneur Reinbold Wetzel. Diète d'empire convoquée et tenue à Augsbourg - sans résultat notable. Le duc de Savoie assiège Genève. Epidémie à Jebsheim et dans la région (16 décès dans le village).

21. Une troupe armée française est de passage (malgré la présence de troupes nombreuses qui étaient censées les empêcher de passer). Elle veut aller rejoindre le duc Jean-Casimir qui va prêter main-forte à l'évêque de Cologne. Ce dernier, qui a adhéré à la Réforme et a pris femme, ne veut pas pour autant renoncer à l'épiscopat.

22. Mort d'une femme du village alliée au pasteur, à qui le diable a fait souffrir bien des misères.

23. Introduction du calendrier grégorien. Le pasteur Cellarius n'est convaincu ni de l'utilité de cette innovation venue de Rome, ni du succès qu'elle aura dans l'usage. En fait lui-même ne l'adoptera jamais.

24. Visite d'une troupe bavaroise accompagnée d'un médecin adepte de la Dive Bouteille.

25. Tempête de grêle (juin 1584). Cellarius rapporte que la grêle a fait couler un bateau en Suisse, tuant 14 personnes dont trois nobles, faisant d'autres dégâts à Biberach, et un peu aussi dans la région de Colmar.

26. Attentats, contre-réforme et querelles entre chanoines du chapitre de la cathédrale de Strasbourg.

27. Décès. Mort subite et suspecte (peste ?) de trois citoyens de Jebsheim (début 1585). Mort du théologien bâlois Simon Sulzer en février 1585, suivi de près par son collègue Ulrich Coccius, brillant prédicateur. L'un et l'autre avaient pris part dans le sens luthérien à un débat concernant l'eucharistie.

28. L'évêque de Bâle ayant formulé des exigences déraisonnables, la ville de Bâle lui refuse sa contribution, mais finit par accepter d'en verser environ 30 %, ce qui parait encore trop à Cellarius (passage difficile, rédigé partiellement en latin, comme chaque fois que des faits brulants doivent être mentionnés).

29. Mort d'Egenolf de Ribeaupierre à Guémar, le 4/14 septembre 1585, d'où on l'emporte six jours plus tard pour l'enterrer à Ribeauvillé.

30. Plusieurs décès de notables dont celui de l'instituteur du village, Basilius, en septembre 1585.

31. Décès de l'ancien seigneur de Muntzenheim, Ernst von Rechenberg, à Strasbourg, où il était allé se faire soigner (janvier 1586).

32. Passage à Jebsheim d'un seigneur d'Andlau, en route vers Ensisheim pour aller se marier.

33. Mort du citoyen Caspar Leimann, qui avait depuis toujours confectionné les cercueils et les croix pour les enterrements. La cause de cette mort est au moins pour partie l'inconduite de son fils, emprisonné pour vol. Le fils, condamné d'abord à être pendu, est ensuite grâcié et interdit de séjour (début mars 1586).

34. Décès d'un étudiant à Genève, fils du seigneur de Hattstatt (mars 1586).

35. Orage de grêle dévastateur le 27 mai 1586 du côté de Riquewihr-Ribeauvillé-Bergheim.

36. Décès d'un jeune notable, fils de l'ancien maire Hans Oberlin et lui-même conseiller municipal très estimé - en tout cas du pasteur.

37. Sébastien d'Andlau apporte la triste nouvelle : Philippe Wetzel, parti en 1581 pour l'armée française (cf. n° 20), vient de mourir. La nouvelle est confirmée par d'autres messagers peu après.

38. L'hiver 1586-87. Un coup de froid brutal dès novembre 1586 ; en janvier 1587, on brule deux sorcières à Jebsheim (c'est la première fois que cela arrive) ; elles meurent chrétiennement. Mort de Philippe Nonnenmacher, un aveugle qui était à la charge de sa grand-mère. Mort, également,
- d'un secrétaire municipal de Riquewihr,
- du « docteur » Brittreich, un militaire contesté, mais efficace,
- du pasteur strasbourgeois Naegelin (de Saint-Guillaume) et d'un noble de la famille Boeckel.

39. L'archiduc Ferdinand de Habsbourg démet de leurs fonctions le pasteur, le bourgmestre et l'échevin de Ribeauvillé et leurs collègues de Zellenberg (février 1587). Dès le mois suivant, la chapelle seigneuriale de Ribeauvillé est interdite au culte protestant, le prêtre catholique Rasser y est envoyé d'Ensisheim. Pendant cette période, annonce du décès du secrétaire municipal de Ribeauvillé.

40. A la suite de ces évènements, la comtesse de Ribeaupierre voit mourir une de ses petites-filles, ce que le pasteur Cellarius met implicitement en relation avec la trop grande docilité avec laquelle les Ribeaupierre ont appliqué les consignes de l'archiduc.

41. Chronique du village (1587) : décès de l'ancienne cuisinière des Wetzel ; mariage du nouvel instituteur venu de Merseburg ; mort de la veuve de son prédécesseur ; décès d'un serviteur des Ratsamhausen, habitant de Baldenheim, mais connu et apprécié à Jebsheim.

42. Printemps froid et orage dévastateur : les sorcières sévissent en ce début de 1587 ! Plusieurs sont brulées dans le pays de Bade. Pourvu qu'on ne condamne pas des innocentes !

43. Un complot a failli donner le pouvoir aux catholiques à Mulhouse, ce qui entraine l'intervention ferme des cantons protestants en faveur de leurs coreligionnaires. Les Mulhousiens avaient été trop entêtés, mais courageux, y compris les femmes.

44. Une troupe de 20000 hommes, pour la plupart des Suisses, passe en été 1587 le long du vignoble vers le col de Saverne, avec l'idée de prêter main-forte au roi de Navarre contre le roi de France ; mais les troupes du duc de Guise ne sont pas loin. Quoique ces soldats se comportent d'abord convenablement, soient ravitaillés par la ville de Strasbourg et se nourrissent surtout aux dépens des sujets de l'évêque de Strasbourg, cette guerre ne manquera pas d'amener bien des misères. La fin du monde pourrait nous les épargner ! A mesure que le temps passe, les soldats deviennent de plus en plus violents, brulent et pillent Kogenheim et Meistratzheim, puis s'en vont par le col de Saverne.

45. Décès de Gregorius Berger et Hans Göll, conseillers et «lumières» de la ville de Colmar (ils ont joué un rôle dans l'introduction du culte protestant à Colmar en 1575, cf. n° 14).

46. Les troupes protestantes qui viennent de quitter l'Alsace sont décimées et dispersées dès la fin 1587 ; les Suisses leur faussent compagnie.

47. Encouragées par ce succès, les troupes du duc de Guise assiègent la possession wurtembergeoise de Montbéliard et occupent une partie de la Lorraine, mais aussi les environs de Landau.

48. Le dimanche après l'épiphanie 1588, la venue des troupes du duc de Guise fait fuir tant de monde qu'il ne reste au culte que le pasteur et une famille qui veut faire baptiser son enfant.

49. L'armée passe en fait près de Jebsheim (par le «chemin de Colmar», Kölmeriger Weg) sans y entrer, et ne fait du reste guère de dommage là où elle s'arrête, mais emmène du bétail sans doute volé auparavant. La ville de Strasbourg refusant à ces troupes son territoire, elles passent à leur tour le col de Saverne. La plupart des soldats qui la composent sont en fait protestants : de Saxe, des Pays-Bas ou de Hesse, mais ce sont des mercenaires.

50. Des militaires négligents mettent le feu à des granges à Sundhoffen, ce qui provoque un gigantesque incendie.

51. Décès d'Oswald Kraus (ou Krus), Colmarien polyglotte, protestant, qui aurait pu devenir, s'il avait vécu, un des principaux magistrats de la ville.

52. Le comte Frédéric de Wurtemberg congédie ses soldats alsaciens et va vers Montbéliard avec une troupe peu nombreuse.

53. Le 1er février 1588, décès de Truchsess de Rheinfelden, un fonctionnaire qui s'était fixé à Ribeauvillé et y était apprécié de tous.

54. Ici (folio 69 et 70, pp. 137-140) s'intercalent dans le registre les baptêmes de filles faits par le pasteur Spaler de 1562 à 1564 (neuf filles, auxquelles s'ajoutent deux garçons baptisés après la mort de Spaler, mais non par Cellarius).

55. Le 23 mai 1588, prodige : une croix rouge au ciel. Le lendemain 7000 soldats wurtembergeois passent près de Jebsheim, et le village leur envoie de la nourriture.

56. Décès de Jacob Hüffel, fonctionnaire à Marckolsheim, en juillet 1588. En décembre, décès d'Emmanuel Betuleius (Birck), vicaire à Colmar.

57. Délibérations à Colmar sur les mesures à prendre pour sauver le pays. On dit que le roi de France a fait assassiner le duc de Guise Henri Ier et son frère Louis, le cardinal-archevêque de Reims.

58. Catherine, aubergiste à (Vieux-)Brisach, est brulée comme sorcière, et meurt chrétiennement (janvier 1589).

59. Mort de la reine-mère Catherine de Médicis, et d'un prince d'Espagne en janvier 1589, ce qui redonne espoir au pasteur Cellarius. Le 31, Alexandre Wetzel rentre de Hongrie. Il avait été à Constantinople avec la mission qui apportait au Sultan le tribut annuel versé selon les clauses du traité de 1567 pour assurer la paix dans l'Empire.

60. Le 16 février 1589, La fille de Cellarius, mariée à Ribeauvillé, meurt. Le lendemain, Cellarius marie son fils Philippe. Preuve que «deuil et joie s'embrassent».

61. Trois décès d'enfants à Jebsheim en février 1589 : une peste ?

62. Baptême d'un enfant de réfugiés venus d'Altkirch, l'où la guerre les avait chassés (fin mai-début juin 1589).

63. On raconte que le roi de France Henri III a été assassiné par un moine, et que le roi de son côté a égorgé le moine avec le même couteau (aout 1589).

64. Le 3 novembre 1589, mort de Hans Kempf, le plus vieux des hommes du village.

65. Du 25 au 27 novembre 1589, des soudards lorrains surprennent à Grussenheim la troupe allemande qui veut se porter à l'aide du Navarrais, l'anéantissent, puis pillent les villages voisins, molestent, violent et même tuent des habitants. Le pasteur de Jebsheim lui-même, d'abord pris, leur échappe, mais son presbytère est vidé de tout ce qui s'y trouvait de précieux, livres, vaisselle etc., et les meubles sont détruits. Si ces militaires avaient été des Turcs, ils n'auraient pas pu être pires. Même le château des Wetzel, où le vieux duc de Lorraine a été hébergé, n'a pas été épargné.

66. A la mi-février 1590, quelques milliers de mercenaires allemands du duc de Lorraine désertent et rentrent chez eux en passant par l'Alsace : ils avaient appris que le duc, ne pouvant devenir roi de France et ne sachant comment les payer, avait décidé de les mener à la boucherie dans une bataille. Voilà comment se conduisent les plus nobles des nobles !

67. Le 22 février 1590, retour à Ribeauvillé du nouveau comte Eberhard, de religion luthérienne, qui redonne espoir à Cellarius.

68. La femme d'un serviteur des Berckheim, peu après avoir accouché, a été prise de folie, est sortie en pleine nuit en courant. Son mari, la croyant partie chez sa cousine, la cherche en vain, puis appelle tous ses parents à la rescousse. On la découvre noyée le matin suivant. Si le mari avait pris la rue des Ecoles, il l'aurait peut-être rattrapée à temps. Comme elle a agi par faiblesse d'esprit, on l'enterre chrétiennement, mais dans un endroit à part.

69. Nouvelle convention sur la rétribution du pasteur de Jebsheim. Désormais, au lieu de la dime traditionnelle, le pasteur touchera 29 florins par an, plus des avantages en nature, moitié à Pâques, moitié à la Saint-Jean. Il aura droit aussi à une part plus généreuse de bois de chauffage. Si son successeur veut revenir à la situation antérieure, il en aura le droit. Il s'agit d'un accord officiel, garanti par les autorités impliquées.

70. Sédition à Mulhouse en juin 1590 (cf. le n° 43 ci-dessus). La plupart des notables se mettent d'accord pour éliminer la minorité (fidèle aux Suisses protestants) ; mais le complot est déjoué, et un châtiment exemplaire est réservé aux coupables et à leurs mercenaires (décapitations et écartèlements).

71. Des moissonneurs immigrés séjournent en été 1590 dans le village, et y baptisent leurs nouveaux-nés.

72.-74. Durant ce même été, on apprend que le margrave Jacques de Hohberg a congédié son pasteur, alors qu'une délibération entre prêtres catholiques et pasteurs avait eu lieu, qui avait décidé de remettre à trois mois la décision sur l'adhésion de tous à la Réforme. Mais le margrave est aussitôt frappé d'une maladie, et il meurt. Son fils (posthume) lui succède, et on espère qu'il restera, lui, fidèle à la foi luthérienne. - Au même moment, le jeune Alexandre Wetzel va prendre ses fonctions d'intendant du duc Jean-Georges à La Petite-Pierre.

75. Trois villageois se sont fait opérer d'une hernie par le barbier de Wihr-en-Plaine. L'un d'eux en est mort, parce qu'il s'obstinait à trop boire et à s'agiter dans son lit.

76. A Masevaux, un puits profond, qui avait été presque à sec par suite de la grande sècheresse des mois précédents, a été subitement rempli d'eau à Noël 1590, alors qu'il n'avait pourtant pas plu. C'est un miracle. Annonce-t-il une riche vendange pour 1591 ?

77. Le comte Christophe de Soultz meurt à Ribeauvillé assez subitement. Il avait vécu au jour le jour, sans se rallier fermement à aucune religion, mais venait, à sa mort, de prendre contact avec les Jésuites de Molsheim...

78. Le seigneur Egenolf de Berckheim a finalement obtenu la distribution aux plus pauvres du villages de terres de la Krutenau (le lieudit actuellement appelé ainsi), malgré bien des résistances. Les plus pauvres, journaliers, en auront tout de même moins que les fermiers (mais les paysans propriétaires n'auront rien).

79. Le 27 février 1591, mort de Jean-André de Lichtenfels, apparenté aux Berckheim et bienfaiteur de la commune.

80. Nouveau passage de troupes fin aout 1591. Elles sont approvisionnées par Jebsheim, qui ne subit aucun dommage, mais comme Grussenheim a été abandonné par ses habitants, les soldats y font de la casse, et ne renoncent à y mettre le feu que sur la prière instante de Reinbold Wetzel. Bien des habitants de Grussenheim ne lui en sont guère reconnaissants.

81. Après un inquiétant orage en janvier 1592, mort subite en avril de Jean de Manderscheid, évêque de Strasbourg. Puisse son successeur aimer la vraie doctrine évangélique du Christ, et servir ainsi la concorde dans la région ! En tout état de cause, ce décès apportera bien du changement.

Effectivement, il s'ensuit, en mai 1592, la guerre de succession : les protestants de Strasbourg nomment évêque le protestant Georges de Brandebourg, les catholiques le fils du duc de Lorraine. La guerre ne finit, dit Cellarius, qu'en mars 1593, et elle a été mauvaise pour tout le monde. Dieu ne se laisse rien arracher par le glaive, et son royaume ne se bâtit pas par la force des armes. (A noter que cette guerre durera en fait, avec des accalmies, jusqu'en 1604 !)

De septembre 1592 à Pâques 1593, le pasteur et une partie de la population de Jebsheim, par peur des exactions commises par les militaires, ont quitté le village ; de ce fait, certains des enfants nés dans l'intervalle ont été baptisés ailleurs, où leurs parents se sont réfugiés : à Colmar, Guémar etc. Mais le pasteur de Muntzenheim, futur successeur de Cellarius, note qu'à son avis le danger n'a pas été si grand que cela.

82. Mort brutale du duc Louis de Wurtemberg, le 8 aout 1593. Il avait beaucoup fait pour la confession luthérienne, et Cellarius prie pour que son successeur Frédéric (son cousin) suive ses traces.

83. En été 1593, les souris accumulent dans leurs galeries des quantités incroyables de céréales, dans la région de Geispolsheim et Osthoffen. Inquiétude : les souris vont-elles maintenant s'attaquer aux raisins ?

84. Deux décès : Jean Lindig, secrétaire municipal à Riquewihr, vient de décéder à Colmar le 20 novembre 1593. La nouvelle est apportée à Horbourg, où des notables étaient en réunion. Mort aussi, peu après, de Mathis Glasser de Riquewihr, ancien maire de Beblenheim à l'époque où Cellarius y était pasteur.

Une étrange rougeur apparait au ciel le 23 novembre 1593.

85. A la Saint-André 1593, les seigneurs du village offrent une Bible à la paroisse et la déposent, à la disposition de tous, à la maison communale.

86. Décès du serrurier colmarien Georges Merklin, bon chrétien.

87. Louis d'Andlau est envoyé comme représentant de l'évêque (protestant) de Strasbourg à Marckolsheim, mais habite Jebsheim en attendant que «l'air devienne plus pur».

88. Mort du nouveau forgeron de Jebsheim dès son arrivée.

89. Mathis Fischer a été surpris par l'inondation entre Ribeauvillé et Jebsheim et est mort noyé (20 février 1594).

90. Rencontre de dignitaires nobles et ecclésiastiques à Fribourg le 4 mars 1594 pour délibérer sur les problèmes de la région.

91. Mort de la veuve Anna Reif, qui a ainsi échappé à un bien triste sort : ses enfants la brimaient, lui interdisaient l'accès du jardin etc., et sa parenté la négligeait. Malheur à ces impies !

92. Décès de Guillaume de Genève, fermier du pasteur, un homme âgé et pieux, tout comme son cousin, qui fut pasteur à Lausanne.

93. «Le jour de l'Ascension de Notre-Seigneur (9 mai) 1594, le vénérable et savant homme Jean Cellarius, pasteur ici, qui a présidé quelque trente ans durant aux destinées de cette église, est décédé, et a été enseveli dans la petite église d'en haut (Saint-Ulric)» (Cette dernière note est du successeur de Cellarius, le pasteur Hamlailen, précédemment en fonctions à Muntzenheim).

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